Dr Thomas Pommepuy : « La qualité et la durée de vie des implants prothétiques ont beaucoup progressé au fil du temps »

27 Jan 2023

Le resurfaçage de hanche est une technique innovante en cas d’arthrose précoce. Nous sommes seulement une vingtaine de chirurgiens en France à le pratiquer
Spécialisé en chirurgie orthopédique de la hanche et du genou, le Dr Thomas Pommepuy prend en charge des patients de tous âges : personnes âgées en cas d’arthrose, patients jeunes et sportifs pour des problématiques de ligaments ou de ménisques. Les implants performants, les techniques chirurgicales innovantes et l’accompagnement personnalisé du patient participent à la récupération rapide après chirurgie (RAAC), qui est l’objectif premier d’une prise en charge de qualité.
Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel a été votre parcours ?
J’ai commencé mes études de médecine en 2003, à la Pitié-Salpêtrière à Paris. J’ai ensuite passé l’internat au CHU de Lille, en 2009. Je me suis alors spécialisé en chirurgie orthopédique, plus particulièrement dans le domaine de la hanche et du genou. J’ai exercé auprès des professeurs Migaud et Girard, qui sont des chirurgiens renommés dans cette spécialité. J’ai été chef de clinique à Lille puis j’ai eu l’opportunité de m’installer à la Clinique d’Arcachon en 2019, pour compléter une équipe de trois chirurgiens orthopédistes.
Aujourd’hui, quels sont vos domaines d’intervention ? 
Je suis spécialisé en chirurgie de la hanche et du genou. C’est une discipline qui améliore grandement la qualité de vie des patients, avec des résultats assez rapides. Tous les âges sont concernés : personnes âgées pour traiter l’arthrose de hanche ou de genou, mais aussi patients jeunes, souvent sportifs, pour des problèmes ligamentaires ou de ménisques.
Occupez-vous des fonctions dans des sociétés savantes ?  
Je fais partie de la Société française de la hanche et du genou (SFHG), de la Société francophone d’arthroscopie (SFA) et de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT).
J’ai aussi une activité de relecture d’articles scientifiques pour la Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique (RCOT).
Quels sont, selon vous, les enjeux actuels de votre discipline ?  
En chirurgie orthopédique, et particulièrement concernant la hanche et le genou, la récupération améliorée après chirurgie (RAAC) s’est beaucoup développée ces dernières années. L’objectif est d’optimiser la prise en charge globale avant, pendant et après le geste chirurgical, pour que la récupération soit la meilleure et la plus rapide possible. Cela nécessite de donner au patient, avant l’intervention, toutes les informations qui lui seront utiles (médicales, paramédicales et administratives), de réaliser un geste chirurgical le moins agressif possible grâce aux techniques mini-invasives, et de veiller à la qualité du séjour en ambulatoire ou en courte hospitalisation, afin de favoriser un retour à domicile et une reprise des activités dans de bonnes conditions. Cela inclut aussi un suivi régulier et rapproché du patient par la suite.
Après la pose d’une prothèse de hanche, la récupération est aujourd’hui beaucoup plus rapide. Si les conditions le permettent, et après en avoir discuté avec le patient, l’intervention peut être réalisée en ambulatoire. Le patient entre à la clinique le matin, il est opéré, et quelques heures plus tard il peut se lever et reprendre la marche, avec l’accompagnement et les consignes du kinésithérapeute. Il retourne chez lui en fin d’après-midi après la consultation du chirurgien. Pour cela, il faut bien sûr que les conditions de retour à domicile soient favorables et que le suivi postopératoire soit organisé. Nous gardons le lien avec le patient, qui sait qu’il peut nous joindre à tout moment en cas de question ou de problème dans les jours qui suivent.
Si la prise en charge en ambulatoire n’est pas conseillée pour le patient, ou s’il préfère être hospitalisé, la durée de séjour est généralement d’une nuit, et une convalescence en établissement de soins de suite peut être proposée.

Intervention à type de prothèse totale de hanche au bloc opératoire

Quelles sont les innovations les plus marquantes ?  
En termes d’innovations technologiques, la qualité et la durée de vie des implants prothétiques ont beaucoup progressé au fil du temps, au point que certains peuvent rester en place tout au long de la vie du patient.
Par ailleurs, les systèmes de navigation peropératoire et d’aide à la pose des implants sont aujourd’hui très performants et nous permettent d’être de plus en plus précis.
Concernant le genou, il existe aujourd’hui des prothèses unicompartimentales ou demi-prothèses qui permettent, en cas d’usure localisée, de remplacer uniquement la partie endommagée de l’articulation. L’intervention peut être réalisée en ambulatoire et la récupération est beaucoup plus rapide, notamment parce que l’ensemble des ligaments est conservé (alors que ce n’est pas le cas pour une prothèse totale de genou). De manière générale, que la prothèse de genou soit totale ou partielle, la prise en charge postopératoire comprend un protocole de cryothérapie et de pressothérapie à domicile pour éviter l’œdème, en plus d’une prescription d’antalgiques.
Une spécificité de la Clinique d’Arcachon est de pouvoir proposer une technique très innovante en cas d’arthrose de hanche précoce, chez un patient jeune : le resurfaçage de hanche. La prothèse utilisée permet de conserver l’intégralité de la tête fémorale, sur laquelle une cupule métallique est posée. Le diamètre de la tête fémorale est gardé intact, nous retirons uniquement le cartilage. Cette technique aide à la récupération postopératoire en favorisant la stabilité et la proprioception. Elle permet aussi de préserver le capital osseux du patient. Elle est très intéressante chez la personne jeune et sportive qui souhaite reprendre son activité rapidement, y compris les sports à impact ou extrêmes . Nous sommes seulement une vingtaine de chirurgiens en France à pratiquer ce type d’intervention.
En chirurgie arthroscopique du genou, chez les patients jeunes et sportifs, les techniques de sutures méniscales se sont développées récemment. Il y a une dizaine d’années, en cas de lésion méniscale, une partie ou la totalité du ménisque était retirée, ce qui pouvait engendrer des complications à type d’arthrose ou de lésions cartilagineuses. Pour préserver l’intégralité du ménisque, nous réalisons aujourd’hui des sutures de la lésion qui, après un processus de cicatrisation, donnent de très bons résultats.
De façon plus globale, quelle est la place du patient dans votre domaine ? 
Le patient est toujours placé au centre de sa prise en charge et de sa rééducation. Il est inclus dans les décisions qui le concernent et les modalités de l’hospitalisation sont discutées avec lui. Si la prise en charge en ambulatoire est possible, il est très souvent en faveur de celle-ci, pour pouvoir retrouver rapidement le confort de son domicile après l’intervention.
Quels sont les sujets de recherche actuels et les perspectives à venir ?  
Le premier axe de la recherche scientifique, en chirurgie orthopédique, concerne l’évaluation de nos pratiques et des implants que nous utilisons à différentes échéances postopératoires . Cela permet d’étudier la durée de vie des prothèses de hanche ou de genou. Chaque intervention de resurfaçage de hanche fait d’ailleurs l’objet d’un recueil de données dans un registre national, afin d’observer les résultats cliniques et l’évolution de ces implants dans le temps.
Les résultats de ces évaluations permettent d’ajuster et de pérenniser les pratiques professionnelles, et de donner un retour à l’industrie pour l’élaboration des implants et l’évolution des matériaux.
En chirurgie arthroscopique du genou, les techniques de sutures méniscales se sont développées récemment avec de très bons résultats
Quels sont les projets que vous souhaitez développer dans les années qui viennent ?
Nous allons étoffer notre équipe chirurgicale en accueillant prochainement une nouvelle praticienne, spécialisée en chirurgie de la main. En effet, nous recherchons toujours l’hyperspécialisation, qui est un gage de qualité pour la prise en charge.
Nous allons aussi organiser des réunions interdisciplinaires, sur le territoire, avec les médecins du sport, médecins généralistes et kinésithérapeutes spécialisés, afin d’échanger sur nos pratiques et d’assurer la continuité des soins des équipes sportives. Nous souhaitons également renforcer nos liens avec les clubs sportifs de la région. Par exemple, nous avons créé un partenariat avec le Rugby Club Bassin d’Arcachon (RCBA) de la Teste-de-Buch (Nationale 2). Nous menons un travail d’équipe autour et avec les joueurs, avec un enjeu médical fort s’agissant de leur rétablissement. Nous participons ainsi à l’essor des clubs locaux.
Que représente pour vous l’excellence médicale ?
L’excellence médicale demande un accompagnement de qualité du patient tout au long de son parcours, depuis la première consultation chirurgicale jusqu’à la récupération totale. Cela implique de mettre en place une coordination fluide des nombreux intervenants autour de lui. Acteur de sa prise en charge, il doit être informé et se sentir soutenu, pour être en confiance. Pour cela, le travail d’équipe est primordial. Il est essentiel aussi de continuer à se former régulièrement, notamment en participant aux congrès de la spécialité.
Quel est selon vous le rôle du chirurgien dans la société ?
En tant que spécialiste d’un domaine, nous intervenons assez ponctuellement dans la prise en charge. Nous recevons les patients orientés par leur médecin généraliste ou leur kinésithérapeute. Notre rôle est de répondre à cette demande du mieux possible selon les problématiques : aider les patients âgés à préserver leur autonomie ; faire en sorte que les patients plus jeunes puissent reprendre leur activité professionnelle ou sportive dans les meilleures conditions.
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Propos recueillis par Emmanuelle Barsky